
L’Etat1 en France n’a jamais été aussi obèse, dépensier, bureaucratique, et sanctimonieux aussi. Certains parlent même d’ « Etat-nounou »2.
Chacun perçoit, fût-ce parfois confusément, que cette énorme machine est devenue de plus en plus envahissante, tatillonne, et même moralisatrice, alors même que ses résultats sont de plus en plus décevants, qu’il s’agisse par exemple d’éducation, de santé, de justice, ou de sécurité, et que son coût est de plus en plus élevé.
Le paradoxe est que certains, à gauche surtout, en redemandent, dénonçant un « néo-libéralisme » à l’oeuvre, qui travaillerait à saper les services publics et la protection sociale et à accentuer ce faisant les inégalités3.
Si l’on exclut ces outrances, il n’est pas de bon ton aujourd’hui, en France en tout cas, de remettre en cause le rôle de l’Etat qui, après l’épisode du Covid, et en temps de crises internationales et de guerres, semble paré de toutes les vertus (sauf celle de la continence budgétaire), au point que les libéraux même à droite se terrent par peur de l’opprobre public4.
Et pourtant il ne semble pas illégitime de se poser au moins des questions sur son efficacité (ses résultats), son efficience (le rapport coût/efficacité) et même sa bénévolence (son impartialité et son zèle à ne servir que l’intérêt public par opposition aux intérêts catégoriels).
1) Quel est le poids de l’Etat ?
Une approche simple du poids de l’Etat est fournie par le ratio entre dépense publique totale et production nationale (PIB). Ce ratio était de l’ordre de 10 % au début du XXe siècle (la Belle Époque en gros). Il s’élève à 35 % en 1960, puis 50 % en 1983, 55 % en 1993 pour atteindre son pic à 60% en 2020 au plus fort de la crise du Covid.
En 2023, la dépense publique représente un peu plus de 57 % de la production nationale (1 607 milliards d’euros) —soit le taux le plus élevé parmi les pays les plus développés (figure 1)—, et les impôts (prélèvements obligatoires, qui incluent les cotisations de toute sorte en sus de l’impôt au sens étroit) 43,5 % (un peu plus de 1 200 milliards). La différence est représentée par des recettes marchandes et de façon croissante par le déficit (donc l’endettement), respectivement 8,3 % et 5,5 %. Ce déficit des administrations publiques est d’ailleurs le seul fait de l’Etat, et s’est élevé à 154 milliards en 2023.

L’Etat est responsable de 41,5 % de la dépense publique totale (639 milliards), les collectivités locales de 19 % (295 milliards), et les organismes de sécurité sociale de 46 % (704 milliards), ce qui fait un total supérieur au chiffre indiqué plus haut, du fait des transferts entre administrations publiques (par exemple les dotations que l’Etat verse aux collectivités locales)5.
En 2022, quelque 5,7 millions de personnes travaillent pour les administrations publiques, pour la plupart (4,1 millions) sous le statut de fonctionnaires, dont 2,5 millions pour l’Etat (y compris les enseignants des établissements privés sous contrat), près de 2 millions pour les collectivités locales, et 1,2 millions dans la fonction publique hospitalière. Cela représente 21 % des 26,8 millions de salariés. Ce chiffre est relativement stable puisqu’il n’a augmenté que de 200 000 depuis 2011 (dont la moitié pour les collectivités locales), alors même que l’emploi salarié total augmentait de 2,3 millions dans le même temps.
Cette approche comptable ne rend cependant pas totalement compte de l’empreinte de l’Etat dans l’économie, la société et la vie des gens. L’Etat, ce n’est en effet pas que des dépenses, des prélèvements ou des fonctionnaires, ce sont aussi des normes, et notamment des obligations de tout poil et les coûts qu’elles imposent. La prolifération de ces normes est régulièrement soulignée. Le think tank libéral iFRAP a estimé en 2022 le coût administratif lié aux normes publiques entre 3,5 % et 4,5 % du PIB, soit entre 87 et 112 milliards d’euros par an, dont les 4/5 à la charge des entreprises6. Sans compter le coût psychologique et la perte de productivité liée à la multiplication de ces tracasseries.
2) Quels ont été les moteurs de sa croissance ?
Il y a eu dans notre histoire des périodes de stabilité (des plateaux) du poids de l’Etat, plus rarement de réduction, mais globalement la tendance est à l’alourdissement. Cette tendance avait été aperçue et considérée comme inéluctable dès 1872 par un économiste allemand Adoph Wagner, dont la loi éponyme énonce que « plus la société se civilise, plus l’État est dispendieux »7.
Quels sont les moteurs de cette évolution (en simplifiant une analyse qui pourrait être très volumineuse) ?
Les guerres et surtout les guerres mondiales, d’une part gonflent les dépenses militaires et d’autre part réduisent le PIB (sauf aux Etats-unis qui ne s’extirpa vraiment de la crise de 1929 que grâce à l’explosion prodigieuse des dépenses militaires). Le Gouvernement français vient d’annoncer une augmentation significative de l’effort budgétaire pour les armées à la suite du déclenchement de l’agression russe contre l’Ukraine début 20228. Selon la perception qu’un pays a de sa sécurité et de ses intérêts extérieurs, il dépensera plus ou moins pour ses armées. La France, ex-puissance coloniale, dotée d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et de l’arme nucléaire, membre de l’OTAN, dépensera plus que la Suisse, petit pays neutre : en 2022, la première consacre 1,9 % de son PIB aux dépenses militaires, contre 0,8 % à la seconde9. L’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN va signifier une augmentation de leurs engagements, et donc de leurs budgets militaires.
La montée de l’insécurité intérieure a un effet similaire sur l’expansion du rôle régalien de l’Etat, qui, selon le sociologue allemand Max Weber, « revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime« 10.
Les défaillances du marché, mises en lumière par les économistes néo-classiques, alimentent la dépense publique en justifiant l’intervention de l’Etat pour les corriger. Ainsi, les externalités négatives comme la pollution obligent l’Etat à les réglementer et/ou les taxer11.
Une autre défaillance des marchés a trait à ce qu’on appelle les biens publics, ainsi dénommés parce que ce sont des biens accessibles à tous (critère de non-exclusivité) et dont tout un chacun peut bénéficier à volonté sans que cela ne soit jamais au détriment d’autrui (critère de non-rivalité), et qui peuvent être locaux, nationaux, voire mondiaux. Or l’offre de ces biens est insuffisante car ces caractéristiques en détournent les entreprises privées (et aussi le risque que des « passagers clandestins » profitent du service fourni sans en payer le prix). Aussi est-il revenu souvent à l’Etat d’en assurer la coordination, ou la production même. L’éclairage public est un exemple de bien public local ; la défense du territoire un bien public national ; le climat est considéré comme un bien public international, d’où la nécessité peu contestée pour les Etats de prendre en charge sa protection, ce qu’ils font bien imparfaitement et trop lentement à ce jour.
L’idéologie interventionniste à partir de 1945. La crise de 1929 donne naissance à une nouvelle école économique, sous le nom de keynésianisme, qui impute la crise qui a suivi le krach de 1929 à l’insuffisance de la demande globale, et inaugure la politique économique moderne à partir surtout de 1945 en faisant de l’Etat le correcteur de dernier recours des déséquilibres économiques grâce aux instruments monétaire et budgétaire dont il dispose12. C’est la fonction de stabilisation de l’économie, théorisée par l’économiste américain Richard-Abel Musgrave comme l’une des trois fonctions de l’Etat13.
On est bien revenus aujourd’hui de cette illusion – de cette naïveté même – qu’il suffisait d’ouvrir les vannes de la dépense publique ou de la création monétaire pour relancer une économie à l’arrêt ou alanguie, mais elle subsiste toujours comme une tentation latente chez nombre de femmes ou d’hommes politiques de notre pays, malgré l’échec calamiteux de la relance des année 1981-8314.
Dans un autre but, mais toujours dans une logique dirigiste, l’Etat va revendiquer le contrôle de certaines grandes entreprises dites stratégiques : cela a motivé en France les nationalisations (en France les deux grandes vagues furent 1945 et 1981-82) ; et un rôle de stratège de la Nation via la planification –« Le Plan ou l’anti-hasard », selon le mot de Pierre Massé15. La France est sans doute le pays occidental où cette logique ait été poussée aussi loin.
La moindre productivité de l’Etat. La loi de Baumol16 énonce que l’Etat étant un secteur où les gains de productivité sont faibles ou nuls, le prix relatif de la production dans ce dernier secteur croît indéfiniment, ce qui peut entraîner soit une diminution de la consommation des biens ou services produits par ce secteur, soit (du fait de leur faible élasticité-prix) une augmentation de sa part relative dans le coût total de la consommation, c’est à dire de la part relative de la dépense publique dans le PIB.
L’avènement des droits sociaux et de l’Etat-Providence. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, les pays occidentaux mettent en place ou généralisent17 des systèmes de protection sociale que l’on désignera sous le vocable d’Etat-Providence (la paternité et datation exacte du mot est incertaine). Ils reposent sur des assurances sociales (retraite, chômage, santé, etc.), l’aide sociale et la production publique de certains biens, comme l’hôpital public. En France, les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, dans le sillage du programme du Conseil national de la Résistance (1944), créent un système de sécurité sociale sur le modèle « bismarckien » (gestion par les partenaires sociaux, financement par des cotisations à la charge des employeurs et des salariés), refondent le système des assurances sociales des années trente, et reconnaissent le rôle complémentaire des mutuelles. Peu après, le Préambule de la Constitution de la IVe République (1946) proclame des « principes politiques, économiques et sociaux » et garantit notamment le droit de tous à « la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs ». Ces droits ne cesseront d’être étendus par les gouvernements de droite comme de gauche, et le fameux Préambule (incorporé à notre propre Constitution de la Ve République) est régulièrement invoqué par le Conseil constitutionnel pour avaliser la création ou l’extension de ces droits18.
En France, la dépense sociale représente l’essentiel de la dépense publique (56 % en 202219) et environ un tiers du PIB, un record parmi les pays occidentaux20.
La démocratie. La démocratie est un régime politique qui permet aux plus démunis, par définition plus nombreux et donc majoritaires, de se faire payer des services et des prestations aux frais des plus riches, par définition moins nombreux et donc minoritaires. Il suffit de porter au pouvoir, via des élections, des partis –de gauche, pour simplifier– qui portent un programme de solidarité, de redistribution, de justice sociale. Ou plus subtilement, il suffit que les partis moins enclins à faire tout cela —de droite, pour simplifier— se convainquent à l’expérience que pour conserver ou regagner le pouvoir il suffit d’injecter une bonne dose de ces ingrédients dans leur programme. Comme l’a écrit l’économiste américano-allemand Hans-Hermann Hoppe : « Il faut s’attendre à ce que les majorités de démunis essaient constamment de s’enrichir aux dépens des minorités de nantis »21. Ce tropisme de la démocratie pousse notamment à faire davantage de redistribution, qui, à la différence des services publics auxquels tout le monde a accès, rend le service rendu plus perceptible.
Cela explique la grande convergence des partis de gauche et de droite de gouvernement dans notre pays autour de politiques fondamentalement social-démocrates depuis plus de 50 ans, hormis quelques embardées plus radicales, généralement éphémères (exemples : le premier Mitterand 1981-83 d’avant le virage de la « rigueur » et la première cohabitation de 1986-88 sous Chirac Premier ministre).
Je serais tenté d’avancer l’hypothèse que la concentration de la fiscalité sur un cercle plus étroit de personnes pousse à une augmentation de la dépense publique. Cela peut sembler paradoxal, car on pourrait croire que plus l’assiette d’un impôt est large, meilleur sera son rendement. Certes, plus l’impôt est concentré, moins son rendement est bon, mais moins il pèse sur tous, moins le coût de la dépense publique est subi par la population dans son ensemble, les électeurs qui votent. Un citoyen qui ne paie pas l’impôt est un citoyen sous anesthésie, privé de la capacité réelle d’émettre un vote en connaissance de cause, un passager clandestin de la démocratie. Qu’on ne s’étonne pas alors qu’en France une dépense publique élevée coïncide avec le fait que seuls 45% des ménages paient l’impôt sur le revenu22 et que seuls les propriétaires de leur logement, soit 58% des ménages, paient un impôt direct local (la taxe foncière et la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, s’ils en possèdent une)23. Inversement, en Suisse, l’impôt local est assis sur le revenu et payé par tous.
Une autre hypothèse mériterait d’être testée : celle qui lie le niveau de dépense publique au degré de centralisation d’une part, et au degré de recours aux votations directes (référendum) d’autre part. Selon certaines études, l’Etat est plus efficient et dépense moins dans les pays les plus décentralisés ou fédéraux que dans les pays unitaires plus centralisés (comme la France)24. L’Etat dépenserait moins également dans les pays faisant un recours fréquent au référendum, comme la Suisse.
Pour faire le lien avec un point précédent, l’inflation normative est une grande contributrice à l’alourdissement du ratio dépenses publiques sur PIB, comme l’a mis en évidence une étude récente25.
3) Que peut-on reprocher à l’Etat ?
Dans une littérature énorme et souvent à charge consacrée au sujet, retenons trois thèmes, que je ne peux qu’esquisser ici :
L’Etat n’est pas efficace. Qu’il s’agisse de sécurité, d’éducation, ou de santé pour ne prendre que ces trois exemples, les Français sentent bien que la qualité des services publics se détériore. Cela est patent pour l’éducation par exemple (mais je pourrais parler de santé ou de sécurité, deux domaines, deux services publics, où l’attente des Français est très forte) : comme l’illustrent notamment les tests PISA, le système français ne parvient pas à améliorer réellement les compétences des élèves du primaire et du secondaire et à rapprocher le niveau de leurs voisins ayant les meilleurs résultats. Il peine notamment à réduire les inégalités entre les élèves. De même, l’investissement dans le supérieur n’est pas associé à de meilleures performances qualitatives.
L’Etat n’est pas efficient. Au même moment, comme on l’a vu, la dépense publique, et le nombre d’agents publics, n’ont jamais été aussi élevés. L’Etat est moins efficace dans ses missions pour un coût qui reste stable, voire s’accroît globalement. Il convient de rechercher les causes de cette dérive : organisation, motivation, baisse de qualité des personnels, etc. Ce qui est clair, c’est que la composition de la dépense publique a évolué. En 2022, protection sociale et santé en représentent 56 % (dont 94 % de prestations sociales) contre environ 50 % en 1995. La part des transferts a augmenté tandis que celle dédiée à la production des services publics a décru, ce qui corrobore la perception générale dans le grand public que le service public se dégrade. A propos de l’éducation, le think tank libéral Molinari note dans une étude récente : « Les mauvais résultats aux évaluations internationales, tout comme les importants taux d’inadéquation des compétences, de surqualification ou de jeunes ni scolarisés, ni employés, ni en formation (NEET) mettent en évidence la décorrélation des dépenses publiques avec la performance du système« 26.
Cette inefficience de l’Etat explique pour partie la dérive de nos finances publiques, et le recours massif à l’endettement. La dette publique française a dépassé fin 2023 les 3 100 milliards d’euros, soit quelque 110 % du PIB27. Un Etat plus efficient ne parviendrait certes pas à équilibrer son budget, mais il réduirait son déficit. La recherche active et systématique d’une plus grande efficience de la dépense publique et des services publics doit faire partie de la solution.
L’Etat n’est pas bénévolent. C’est le grand mythe dans lequel l’Etat aime à draper son action. La tendre fable que l’on nous serine depuis des temps immémoriaux et qui a accompagné la grande marche de l’Etat vers le toujours plus. Il nous dit en substance : « Je sais quoi faire, j’ai le pouvoir de le faire, et je le fais en toute équité et impartialité dans le seul souci de l’intérêt général« . S’il est aisé de faire justice des prétentions de l’Etat à l’efficacité et à l’efficience, l’idéologie de la bénévolence est toujours très prégnante.
Pourquoi ? Parce que l’Etat invoque depuis ses origines ou presque et avec le renfort d’intellectuels complaisants qu’il est l’expression de la volonté générale (Rousseau). C’est la théorie du contrat souscrit entre le peuple et l’Etat pour l’arracher aux horreurs et malheurs de l’état de nature (Hobbes). L’Etat étant présumé incarner l’intérêt général, il ne peut que viser le bien commun.
Mais c’est faux. En tout cas, ce n’est pas systématiquement et par construction vrai. D’abord, l’Etat n’existe que par l’action de ses employés – des millions, comme nous l’avons vu – qui poursuivent aussi parfois leur intérêt personnel, de caste ou de classe, leur idéologie particulière (qu’on songe au « mur des cons » du Syndicat de la magistrature28) et cette idéologie générale qui imprègne l’Etat et ses agents selon laquelle seul lui peut bien faire et ne peut pas se tromper. Ensuite, l’Etat est un objet de conquête pour les partis politiques, qui une fois parvenus au pouvoir mettent en oeuvre des politiques parfois fort éloignées de l’intérêt général, et notamment clientélistes. Et la dépense publique est un moyen à cet effet. Enfin, l’Etat étant devenu une énorme machine souhaite persévérer dans son être. La « théorie de la bureaucratie » formulée par l’économiste américain William A. Niskanen énonce d’ailleurs que les « bureaux » (les services administratifs) ne songent qu’à élargir leurs attributions, leurs prérogatives et leurs budgets, et torpillent les réformes qui pourraient faire obstacle à ce plan plus ou moins conscient29.
Alors, s’il faut réformer, où et comment doit-on porter le fer ? J’aborderai dans un prochain article la question complexe de savoir où et comment réformer l’Etat.
Notes :
- Je prends ici l’Etat dans l’acception large d’administration publique, c’est à dire l’administration d’Etat qui relève du pouvoir exécutif (Président et Gouvernement), les collectivités territoriales et les organismes de sécurité sociale. ↩︎
- Valeurs actuelles, édition du 4 janvier 2024. ↩︎
- Cf. le livre récent d’Anne Laure Delatte (L’État droit dans le mur, Fayard, 2023) et sa recension très critique par l’économiste Elie Cohen. ↩︎
- Sort auquel le libéralisme, quel que soit son préfixe, semble décidément condamné en France. Cf. le livre de Raymond Boudon (Pourquoi les intellectuels n’aiment pas le libéralisme ? 2004. Analyse ici) et celui tout récent de Guillaume Bazot (L’épouvantail néolibéral, un mal très français. 2022. Analyse ici). ↩︎
- Source : INSEE ↩︎
- Fondation iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) créée en 1985. Cf. l’étude ici : « ce que l’on sait, c’est qu’en 2012, nous comptions 280 729 articles réglementaires et législatifs, codifiés et non codifiés, contre 332 365 en 2021 (+18 %)« . ↩︎
- Selon Wikipédia : « À ses yeux, l’augmentation des dépenses publiques s’explique par l’apparition de deux catégories de nouveaux besoins : plus l’économie se développe, plus l’État doit investir en infrastructures publiques et d’autre part, plus le niveau de vie de la population augmente, plus celle-ci accroît sa consommation de biens dits supérieurs, comme les loisirs, la culture, l’éducation, la santé… qui sont des biens dont l’élasticité-revenu est supérieure à 1. En d’autres termes, la consommation de ces biens augmente plus vite que le revenu de la population« . ↩︎
- Le Monde du 24 avril 2023 : « Les dépenses militaires en Europe ont atteint 480 milliards de dollars en 2022 − une année marquée par l’invasion russe de l’Ukraine −, soit, après déduction de l’inflation, une augmentation de 13 %, selon le rapport. C’est à la fois la plus forte croissance enregistrée depuis plus de trente ans et le retour − en dollars constants − au niveau des dépenses de 1989, année de la chute du mur de Berlin« . Pour la France : la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 votée en juillet 2023 prévoit une enveloppe de 413,3 milliards d’euros pour les armées. Le budget de la mission « Défense » augmentera ainsi de + 3,3 Md€ en 2024 et 2025, de + 3,2 Md€ en 2026 et 2027 et de + 3,5 Md€ par an entre 2028 et 2030. Au total, la trajectoire des lois de programmation 2019-2025 et 2024-2030 conduit à un doublement du budget de Défense entre 2017 et 2030. ↩︎
- Source : SIPRI. ↩︎
- Le métier et la vocation d’homme politique. 1919. Texte en français disponible ici. ↩︎
- Le changement climatique en cours est une externalité négative mondiale, la plus importante de l’histoire même selon l’économiste (Lord) Nicholas Stern, (avec qui j’ai travaillé), dans son rapport célèbre sur l’économie du changement climatique. Une externalité est une conséquence, positive ou négative, non recherché d’une transaction économique et qui n’est pas reflétée dans le prix de cette dernière. C’est par ce raisonnement que l’on justifie la tarification du carbone (des émissions de gaz à effet de serre plus généralement), par une taxe ou un marché des quotas d’émission tel qu’il en existe un dans l’Union européenne depuis 2005.
L’économiste anglais Arthur C. Pigou est l’inventeur de cette fiscalité sur les activités économiques qui génèrent des externalités négatives (The Economics of Welfare, 1920). ↩︎ - L’indépendance croissante des banques centrales à partir des années 1980 sous l’influence de l’école monétariste va éroder dans les grands pays occidentaux la pertinence de cet instrument, dont le contrôle échappe largement aux Etats. ↩︎
- Dans sa célèbre Théorie des finances publiques (1959). Les trois fonctions sont : l’affectation ou l’allocation des ressources ; la redistribution des revenus et des patrimoines ; la stabilisation (régulation de la conjoncture économique). ↩︎
- Pour un récit critique et coloré, cf. le troisième et dernier volume de l’Histoire intime de la Ve République, de Franz-Olivier Giesbert. 2023. ↩︎
- Titre de son livre de 1965. Pierre Massé, ingénieur et haut fonctionnaire, fut Commissaire général du plan de 1959 à 1966, à une époque où l’on croyait encore à la planification. Le Commissariat général au Plan (CGP) avait été créé en 1946 par le Général de Gaulle. En 2006 un Centre d’analyse stratégique (CAS) remplace le CGP. En avril 2013, le CAS est à son tour remplacé par France Stratégie (administrativement appelé « commissariat général à la Stratégie et à la Prospective », CGSP). ↩︎
- Du nom de l’économiste américain William J. Baumol (1922-2017). La « loi » en question a été formulée dans un article publié en 1967. ↩︎
- L’Allemagne impériale sous le chancelier Bismarck avait créé les premières assurances sociales autour de 1880. ↩︎
- Par exemple, le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 6 juillet 2018, a considéré la fraternité comme un principe à valeur constitutionnelle, en se fondant sur les articles 2 et 72-3 et le préambule de la Constitution. De ce principe découle “la liberté d’aider autrui dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national”. ↩︎
- Source : INSEE. ↩︎
- Source : OCDE. ↩︎
- Dans Une Brève Histoire de l’Homme (2015), dont je rends compte sur ce blog, sous la rubrique Notes de Lecture. ↩︎
- Source : DGFIP. ↩︎
- Source. ↩︎
- Une étude en ce sens, ici. ↩︎
- François Facchini et Elena Seghezza : Legislative production and public spending in France. 2020. Lien vers l’article. Citation : « En France, sur la période 1905-2015, la production législative a conduit à une augmentation du ratio des dépenses publiques au PIB. Fondamentalement, trois raisons peuvent être avancées pour expliquer ce résultat. D’une part, l’adoption de lois conduit inévitablement à une expansion de l’appareil administratif nécessaire pour mettre en œuvre et faire respecter les lois adoptées. Deuxièmement, une pléthore de lois et de règlements a un effet négatif sur l’efficacité avec laquelle les ressources sont allouées par le secteur privé, ce qui entraîne un ralentissement de la croissance économique et, par conséquent, du PIB. Troisièmement, à partir de la période suivant immédiatement la Seconde Guerre mondiale, l’intensité des dépenses associées aux lois a progressivement augmenté, en particulier pour soutenir un État-providence élargi, ce qui a également entraîné une augmentation du ratio des dépenses publiques au PIB« . ↩︎
- Institut Molinari. Lien vers l’étude. 180 milliards d’euros sont consacrés à l’éducation en 2022, soit 6,8 % du PIB. ↩︎
- Source : INSEE ↩︎
- Sur l’affaire, qui eut son dénouement judiciaire final en 2021, cf. cet article. ↩︎
- Théorie formulée en 1971-1975. Une critique ici. Le livre récent de Jean-Pierre Jouyet (Est-ce bien nécessaire Monsieur le Ministre ?, Albin Michel, 2023) semblerait corroborer la théorie, au moins en ce qui concerne la difficulté de réformer. ↩︎
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