Les trois chantiers de Bruno Retailleau

27 mai 2025

Depuis l’entrée de Bruno Retailleau au gouvernement en septembre 2024, les Français ont découvert un homme d’Etat. Par sa parole et ses actes, il a résonné avec leurs attentes. Pour l’électorat de droite déboussolé depuis 2017, il incarne la promesse d’un renouveau. Le triplement du nombre d’adhérents et son élection brillante à la présidence des Républicains font naître l’espoir d’une aube nouvelle. 

Sa trajectoire ne peut s’arrêter là. La présidentielle de 2027 est en point de mire, et avec elle, la perspective de reprendre le pouvoir pour réaliser un projet de sursaut national. A cette fin, Bruno Retailleau doit s’atteler à trois chantiers. 

Primo, reconstruire le parti. D’abord, en en refaisant un laboratoire d’idées, car c’est le premier rôle d’un parti : comprendre une société qui se complexifie ; articuler des propositions qui répondent aux attentes des Français, en ne perdant jamais de vue que l’intérêt général, le bien commun, n’est pas la somme des intérêts catégoriels, et que c’est ce bien commun qu’il faut inlassablement poursuivre, si forte que soit parfois la tentation de céder aux petits calculs du clientélisme, à la tentation de plaire – vice et plaie, si l’on ose dire, du Macronisme. C’est la grande leçon du général de Gaulle, et qui lui vaut encore aujourd’hui l’admiration rétrospective des Français.

LR, depuis le programme audacieux de François Fillon, était devenu stérile et inaudible, notamment sur les sujets de décarbonation et de biodiversité.

Ensuite, en redonnant la parole à la base, y compris pour la sélection des candidats. LR était devenu une machine trop parisienne et trop verticale. 

Enfin, en faisant de LR (qui devra changer de nom), un parti ouvert sur ses franges, sur ce plus vaste espace que j’ai tendance à appeler la droite raisonnable ; un parti confédéral, donc, qui reconnaît et accepte les différentes sensibilités au sein d’une mouvance aussi ancienne et plurielle, que des ambitions rivales et les accidents de l’histoire plus que des différends idéologiques ont fragmentée.

Secundo, disputer à la gauche son hégémonie intellectuelle sur les médias, les milieux de la culture, de la communication et de l’éducation, et une bonne partie de la Macronie. Et trop longtemps sur la droite elle-même ! La gauche jouit dans notre pays d’un préjugé favorable abusif, lié à sa prétention d’incarner le progrès et la justice, – qui lui attire notamment les (vrais ou pseudo-) intellectuels et nombre de représentants de la (vraie ou pseudo-) classe artistique.

Mais le pays crève aujourd’hui des dérives qui portent sa signature : un Etat obèse et inefficace, qui dépense et taxe trop ; l’école déclassée par l’égalitarisme ; la repentance chronique ; les entreprises accablées de charges, de contrôles et de contraintes ; une immigration excessive et surtout non choisie ; la montée de l’entrisme islamiste et du communautarisme ; la liberté d’expression menacée par l’intolérance woke ; et la chienlit permanente signée LFI. Refonder LR, c’est aussi se donner les armes pour combattre et défaire cette hégémonie. 

Tertio, reconquérir l’électorat populaire en dégonflant la baudruche des extrêmes. Les extrêmes sont un symptôme morbide, la réaction de colère de classes populaires face à une offre politique qui ignore ses préoccupations. Le discours ferme mais responsable de Bruno Retailleau sur la sécurité et l’immigration est populaire parce qu’il sonne juste. Mais refonder LR, au-delà du régalien, c’est aussi réarticuler un discours de justice sociale. Mais un discours qui exclut la démagogie (sur les retraites par exemple – une grande différence d’avec le RN !), qui rejette l’assistanat, qui met le travail et la responsabilité à la place centrale qui doit être la leur. Relance de l’intéressement, réforme de la protection sociale, revalorisation des salaires nets, et relèvement de l’école doivent en être le cœur.

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