
La mort d’un jeune homme, la mort de tout homme tué par un autre homme, est bien sûr quelque chose d’accablant. C’est à la justice de faire la lumière sur les circonstances de ce drame, et de décider si l’emploi du feu dans les circonstances était justifié au regard de l’article L 435-1 du Code de la sécurité intérieure1.
Quelle est la signification de ces émeutes qui ont embrasé de nombreuses villes de France depuis plusieurs jours ?
Tordons le cou d’emblée à deux canards, deux explications boiteuses qui circulent dans les médias, et que la gauche est la plus prompte à disséminer.
Canard n°1 : Le racisme systémique présumé de la France
Les manifestants et émeutiers qui ont dévasté nos villes se sont-ils voulus les émules de leurs homologues américains qui, après la mort de George Floyd en 2020, également tué par un policier, avaient défié les forces de l’ordre dans de nombreuses villes américaines ?
Ces émeutes seraient alors un cri de rage contre une France raciste, en tout cas contre un Etat raciste, toujours plus dur et plus brutal contre les minorités issues de l’immigration, et spécialement noires et maghrébines, que contre les « Gaulois ». Une manifestation de défiance contre l’Etat de droit et la justice incapable d’extirper le « racisme systémique » même si elle devait punir lourdement ce policier. Le Président turc Erdogan a relayé cette thèse en stigmatisant la France où « la plupart des immigrants qui sont condamnés à vivre dans des ghettos, systématiquement opprimés, sont musulmans »2.
Le concept de « racisme systémique » est issu de la mouvance woke aux Etats-Unis et notamment de la Critical Race Theory (Théorie critique de la race). Il a été repris en France par nombre d’intellectuels de gauche et les indigénistes comme Rokhaya Diallo, qui se répand sur les médias anglo-saxons pour vomir sa haine d’une France indécrottablement raciste.
J’ai travaillé dans plus de 70 pays, et je ne crois pas qu’aucun pays, aucune culture soit indemne d’un certain degré de racisme. La France n’est pas pire, loin s’en faut, que d’autres. Oublie t-on comment la Chine traite ses Ouïghours, la Russie naguère ses Tchetchènes, l’Inde sa minorité musulmane (son Premier ministre actuel, Narendra Modi, a présidé à de véritables pogroms anti musulmans en 2002 lorsqu’il fut ministre en chef de l’Etat du Gujarat, au nord-ouest de l’Inde3) ?
L’accusation de racisme systémique est délirante.
Oublie t-on aussi ce que peuvent ressentir les Français qui assistent depuis des décennies sans voix au chapitre (jamais un débat public sur l’immigration) à l’arrivée massive d’immigrants africains profitant des faiblesses de nos lois, du laxisme de nos contrôles et de notre politique de renvoi des clandestins, et de la générosité de nos allocations sociales ? A la montée de la délinquance et des gangs de la drogue qui ont transformé certaines cités en camps retranchés où la police ne se hasarde plus ? A la multiplication d’incivilités et de cris de haines de rappeurs et autres « artistes » dont le grand hobby est d’insulter la France en toute impunité, et sous les applaudissements ébaubis de la gauche et des médias bien-pensants ?
Canard n°2 : L’abandon des quartiers par la République.
Autre thèse qui circule : ces jeunes iraient crier leur colère contre leur ghettoïsation et l’abandon dans laquelle les tiendrait la République. Il n’y a pas de doute que les minorités issues de l’immigration sont souvent concentrées dans les quartiers où se trouvent les logements sociaux, c’est à dire les tours et les barres, où la vie est souvent aux antipodes de l’idylle qu’y voyait Le Corbusier. Je n’ai pas de réponse à la question de savoir pourquoi ces cités sont devenues de telles concentrations d’immigrés originaires d’Afrique. Peut-être les flux nouveaux d’arrivants se dirigent-ils d’abord là où peuvent les accueillir leurs frères d’ethnie ou de religion. Quoi qu’il en soit, la République, loin d’abandonner ces cités, ne cesse d’y injecter des milliards dans le cadre des politiques dites de la Ville, et notamment dans les « quartiers prioritaires« 4. La France est un pays parmi les plus généreux qui soient en matière de prestations sociales (RSA, logement, CMU, AME, allocations de tout poil), et l’on dit que les CAF sont les parmi les endroits les plus fréquentés par ces populations à la fécondité abondante.
Surtout, comment des milliers de jeunes hommes croient-ils faire oeuvre de justice ou résoudre quoi que ce soit en saccageant tout ce qui leur tombe sous la main, en vandalisant les bâtiments publics, en pillant, en brutalisant des policiers hors des zones d’affrontement ? Cela ne fera pas revivre Nahel, et ne fera qu’exacerber conte eux le ras-le-bol, déjà profond, des Français de souche ou intégrés déjà excédés par tous ces phénomènes qu’ils associent à une immigration d’origine africaine jugée excessive et de plus en plus menaçante.
Ces émeutes, c’est d’abord l’émergence d’une contre-société constituée (d’une part) des enfants de l’immigration africaine, qui hait la France et qui a envie d’en découdre avec elle par la violence. D’où vient cette détestation si l’on écarte les explications discutées précédemment ?
La mort de Nahel n’a été qu’un prétexte. Ces émeutes ont maints précédents, celles de 2005, les voitures brûlées, les zones de non-droit où la police n’entre pas (cf. les films Bac Nord5, ou Les Misérables6). Pourquoi cette escalade dans l’ampleur de ces émeutes et l’intensité de la violence ?
Une première réponse, c’est qu’il est difficile pour un pays de se faire aimer et respecter, lorsque lui-même ne s’aime et ne se respecte plus. C’est malheureusement le cas de la France, ou plutôt de ses dirigeants et de sa classe bavarde, qui n’ont de cesse de donner dans la repentance pour tous nos méfaits et nos crimes présumés. Macron a érigé cette auto-flagellation permanente au rang d’une technique de gouvernement : Faisons-nous des amis en nous humiliant, en nous confessant, en niant même qu’il existe une culture française. Visiblement, c’est un échec pathétique, et ce miroir de France faible, penaude et contrite ainsi tendu à nos populations immigrées ne peut que les encourager dans leur perception négative de leur pays d’accueil.
Il y a aussi le rôle des « grands frères« , chefs de gang ou affidés, qui s’attachent l’allégeance des plus jeunes, par la peur mais pas seulement. Pour ces caïds, ce qui affaiblit, discrédite la police est tout bénéfice, dans tous les sens du terme. L’impunité de fait dont ils jouissent déjà n’en sera que renforcée. Ils sont relayés si ce n’est stimulés par certains chefs et prédicateurs religieux tout heureux, quant à eux, de voir attaqué et vilipendé l’Etat laïc de l’ex-pays colonisateur (La France est dans le Dar al-Harb, le « domaine de la guerre » que ne domine pas encore l’Islam). Il se joue aussi ici l’assouvissement de vieilles haines recuites.
Et que font les parents de ces enfants ? En culture musulmane, c’est à la mère que revient d’abord l’éducation des enfants. En voyant le comportement desdits enfants on se demande ce qu’ont fait les mères ? Ont-elles appris à leurs enfants la haine de leur pays d’accueil, de ses institutions, à saccager, à voler, brutaliser ? On a de la peine à le croire. Pourquoi ont-elles alors déserté leur mission fondamentale ? Dans cette affaire, il faut bien se poser la question de l’éducation, ou plutôt de la faillite de beaucoup de ces familles à inculquer les règles de base de la vie en société à leur progéniture. L’école instruit, la famille éduque. La première ne saurait rattraper les défaillances de la seconde.
Enfin, les gauchistes et écolos pastèques (vert dehors, rouge dedans) et leur cohorte de compagnons de route woke, indigénistes, etc. attisent le feu. On a entendu ces jours derniers de la part de leurs ténors des discours sidérants de complaisance, quand ils n’encouragaient pas les violences pourvu qu’elles ne touchent pas les écoles (Mélenchon).
Y a t-il instrumentalisation et par qui ? On ne peut qu’être frappés par la synchronicité de tous ces événements, comme si tous les quartiers et banlieues se communiquaient des mots d’ordre, et agissaient comme les bataillons dispersés mais très coordonnés d’une vaste armée nationale. On sait que les réseaux sociaux jouent le rôle de système de communication de cette « armée ». Mais a t-elle un chef, un plan ? Pourquoi a t-il suffi de la mort – certes tragique – d’un jeune homme – ayant certes plus qu’un pied dans la crapulerie et non pas la sainte nitouche qu’on nous a présentée dans un premier temps (« ce petit ange » selon le milliardaire footballeur Killian Mbappé) – pour la faire lever comme un seul homme ?
Beaucoup de questions, à laquelle il nous manque encore les réponses.
Deux choses sont à peu près sûres :
1) nous nous rapprochons d’un état qui peut faire songer aux prodromes d’une guerre civile ;
2) sans grand sursaut de l’Etat et des composantes raisonnables de notre Nation (j’essaierai plus tard de décrire en quoi pourrait consister ce sursaut), tout ceci fait le lit de Marine le Pen, qui doit secrètement se réjouir de chaque incendie qui s’allume dans les pauvres cités de France.
Notes :
- Lien. ↩︎
- Cité par Le Figaro, lien. Il est assez ironique que la Turquie, où l’on imagine (avec un peu d’effort quand même) que les Musulmans ne sont pas opprimés (le parti d’Erdogan —l’AKP— est un parti explicitement religieux), soit le troisième plus grand pourvoyeur de demandeurs d’asiles à la France (en 2022, source). Combien de Musulmans français ou issus de France ont demandé asile en Turquie ? ↩︎
- Ce que dément avec virulence l’intéressé, chef effectif du parti nationaliste hindou BJP (Bharatyia Janata Party, ou parti indien du peuple), et Premier ministre de l’Inde depuis 2014. ↩︎
- Lien. ↩︎
- De Cédric Jimenez. 2021. ↩︎
- De Ladj Ly. 2019. ↩︎
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