
Le coup d’Etat militaire (putsch) survenu fin août 2023 au Gabon est le 5è du genre intervenu en Afrique francophone depuis 2020, après ceux du Mali (août 2020 puis mai 2021), de Guinée (septembre 2021), du Burkina Faso (janvier puis septembre 2022) et du Niger (juillet 2023).
Dans tous les cas, une junte militaire a renversé le pouvoir civil désigné démocratiquement (ou presque…).
Dans presque tous ces cas (la Guinée avait pris ses distances avec la France dès 1958), la France est accusée de tous les maux, par des putschistes casqués et bottés.
Or, le Président Macron déclarait le 2 mars 2023 lors d’une visite au Gabon que l’ « âge de la Françafrique est bien révolu » et que la France était désormais un « interlocuteur neutre qui parle à tout le monde et dont le rôle n’est pas d’interférer dans des échéances de politique intérieure » sur le continent 1.
Alors, pourquoi cette succession de revers pour la France, comme des dominos qui tombent en rapide succession ? Et pourquoi cet attrait apparent de la Russie, dont on aperçoit le drapeau en arrière-fond des clichés nous montrant les fiers putschistes en parade ?
Je propose ci-après quelques éléments d’explication, de démêler ce qui relève de la réalité ou bien du mythe, sans prétendre rendre compte d’un processus complexe et d’ailleurs encore à l’oeuvre, qu’un peu plus de recul permettra de mieux appréhender. Cette histoire reste encore très largement à écrire.
Aux origine de la colonisation
La France, pour de bonnes et de mauvaises raisons, déboule en Afrique sub-saharienne à partir des années 1870 (aux débuts de la IIIè République) et s’y taille le deuxième plus grand empire derrière celui du Royaume-Uni. C’est l’époque où les pays d’Europe de l’Ouest, devenus au XIXe siècle de très loin les plus riches et les plus puissants du monde (si l’on excepte les Etats-Unis) se jettent sur l’Afrique, tout simplement parfois pour ne pas être les derniers à participer à la curée. Il faudra tenir plusieurs conférences internationales (notamment celle de Berlin en 1884-85) pour mettre un peu d’ordre dans cette mêlée.
On a oublié aujourd’hui que cette phase de la colonisation française fut initiée par la IIIe République naissante, c’est à dire par la gauche, laïque, jacobine, universaliste, contre l’opposition d’une droite initialement méfiante, voire hostile. L’un de ses artisans, Jules Ferry, défend en 1890 « le droit » des « civilisations supérieures de civiliser les races inférieures » 2, parce qu’elles en ont le « devoir ». Jean Jaurès n’est pas en reste, qui ne doute pas « qu’on lui fera bon accueil (à la France), car elle est pure autant que grande, toute pénétrée de justice et de bonté » 3. La droite eût préféré, elle, qu’on ménageât « l’or et le sang de la France » 4 pour les consacrer d’abord à la reconquête de l’Alsace et de la Lorraine enlevées à la France par l’Allemagne réunifiée à la suite de la défaite de 1870.
L’oeuvre coloniale de la France ne mérite t-elle qu’un livre noir ?
L’oeuvre coloniale de la France ne mérite ni excès d’honneur certes, mais ni l’indignité, par laquelle il est de bon ton, dans certains milieux, de la caractériser 5.
En Afrique de l’Ouest et au Sahel, la France met un terme à l’esclavage et à la traite arabo-musulmane, dont un historien sénégalais, Tidiane N’Diaye, a démontré qu’elle avait été plus vaste, cruelle et durable que la traite atlantique (celle des Européens) 6.
Partout, elle construit hôpitaux, écoles, dispensaires, ports, routes, etc., et améliore immensément la condition sanitaire de ces pays. A grands frais pour la métropole, suscitant en 1964 la récrimination du député Jean Montalat, qui aurait préféré qu’on donnât la priorité pendant toutes ces années à la Corrèze plutôt qu’au Zambèze (lequel n’a jamais fait partie de l’Empire français).
L’historien Jacques Marseille a démontré que la colonisation avait coûté à la France bien plus qu’elle ne lui a rapporté 7. Et l’on peut se demander s’il ne s’agit que d’une simple coïncidence que la croissance de l’économie française n’ait jamais été aussi forte que dans les années qui ont suivi la décolonisation, comme on si on l’avait délestée d’un boulet pesant qui entravait son essor.
Il est vrai que la France n’a jamais accordé l’égalité politique aux Africains, en leur reconnaissant notamment le droit de vote 8. Aucune puissance coloniale ne l’a fait. Il faut se rappeler que la crainte que la France ne devienne minoritaire dans son propre empire n’a pas peu pesé dans la décision de de Gaulle – qui avait parfaitement aperçu les tendances démographiques et ce qu’elles ont d’implacable – de donner l’indépendance à ces pays (il pensait surtout à l’Algérie 9).
Mais ce faisant, la France mettait à nu au mieux son incohérence, au pis son hypocrisie, par rapport à son discours universaliste sur la démocratie et les droits de l’homme.
Après les indépendances, la France néo-coloniale ?
En 1960, avec les indépendances, la France prend la porte de son plein gré, mais y garde quand même un pied, y maintenant un réseau d’influence que certains ont appelé la Françafrique, mais dont l’ampleur et la toxicité sont gonflées de beaucoup de fantasme.
Le terme de Françafrique est polémique. Il a été forgé par l’essayiste-militant François-Xavier Verschave (décédé en 2005), qui en fait la dénonciation la plus cinglante 10, reprenant en parodie l’expression de « France-Afrique », due à Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire (1960-1993), et demeuré après les indépendances de 1960 très proche de la France, dont il fut même le Ministre sous la IVe République.
La Françafrique n’était déjà plus ce qu’elle était avant que Macron ne prétende l’enterrer à tout jamais, si tant est qu’elle ait jamais été tout ce qu’on a a pu croire qu’elle était.
Mais il y a eu indéniablement une époque où la France faisait la pluie et le beau temps dans les pays d’Afrique francophone, y compris en commanditant des coups d’Etat, voire l’élimination de personnages qui risquaient de mettre en cause le système. On pense au renversement du régime et à l’assassinat de Thomas Sankara au Burkina Faso en 1987. Au coeur de ce réseau d’influence, et sans qu’on puisse lui imputer toutes les turpitudes de l’époque, se trouvait Jacques Foccart, fidèle d’entre les fidèles du Général, chef du Secrétariat général pour la Communauté, puis, à partir de 1960, des affaires africaines et malgaches de 1959 à 1974, rattaché directement au Président de la République.
S’il est plutôt avéré que la France a souhaité conserver un certain contrôle politique sur ses anciennes possessions coloniales (où elle conserve des bases militaires), il est en revanche injustifié de l’accuser de les avoir exploitées économiquement, à fortiori pillées. Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne représente au plus 2% des exportations et importations françaises, c’est à dire une fraction négligeable.
« Mais le franc CFA ? », rétorquent avec aplomb les accusateurs de la France. On en a beaucoup exagéré l’importance, et surtout minimisé, voire ignoré, les charges qu’il imposait à la France, garante de la convertibilité de cette monnaie en euro (auquel le CFA est lié par une parité fixe), et qui payait aux pays africains un taux intérêt supérieur à celui du marché sur la fraction (50%) de leurs réserves de change placées à la Banque de France 11. La fin du Franc CFA (au moins en Afrique occidentale) a été actée en 2019, tout comme de l’obligation de verser 50 % des réserves sur un compte d’opération du Trésor français, et le retrait de la France des instances de gestion du CFA. Mais l’avènement de son successeur, l’Eco, a été renvoyé à un futur indéterminé.
Mais soyons clair, avec le CFA, c’est plus à un symbole irritant qu’à une exploitation économique systématique qu’il est mis un terme, ce qui n’exclut pas que certains intérêts économiques privés français (Bolloré, Castel, Rougier avant sa faillite, etc.) aient prospéré dans l’ex-Empire.
Il est vrai aussi que les dirigeants africains depuis les indépendances ont souvent laissé péricliter l’héritage français (le PIB par habitant de Madagascar est inférieur de 40% à ce qu’il était en 1960 !). La démocratie y était en berne dans de nombreux pays, avant même la vague récente de putschs. L’explosion de la population (grâce notamment aux progrès de santé publique apportés par les Français) et des inégalités a tendu encore plus la situation.
Un nouveau mal français : La repentance chronique
La France a des tas de défaut, mais pas celui d’être inapte à l’auto-critique. Peu de pays s’y adonnent (ou s’y complaisent) autant.
Beaucoup des accusations portées contre la France et la colonisation ont pris leur source en France même : politiques, universitaires, gens des médias s’y livrent sans relâche dès l’origine. J’ai évoqué les objections très fortes de la droite contre l’entreprise coloniale en Afrique à son démarrage. Ces accusations seront graduellement relayées par la gauche. Il y eut ensuite le cartiérisme (du nom du journaliste Raymond Cartier) dans les années 50, qui dénonce le coût excessif de l’Empire pour la métropole 12. Etc.
Mais l’on voit apparaître depuis 10-20 ans un nouveau courant, qui s’inscrit dans le mouvement plus vaste du wokisme : l’auto-flagellation, la repentance. L’Occident, l’Homme Blanc, la France sont coupables de toutes les turpitudes qui affligent le monde moderne. Et notamment de ce « racisme systémique » qu’ils ont inventé, qu’ils perpétuent et dont ils ne se rendent même pas compte. En rémission de ce péché, il faut d’abord se repentir.
Les déclarations de M. Macron en ce sens sont assez nombreuses, éloquentes et navrantes pour qu’on ne les rappelle pas. La limite a été franchie lorsqu’en visite en Algérie en février 2017 (pendant sa campagne électorale) il a qualifié la colonisation française de crime contre l’humanité. Certes, la France a commis des atrocités, mais jamais au nom d’une idéologie raciste d’anéantissement total et final, comme le fut le dessein nazi à l’égard du peuple juif.
Il n’est pas sûr que ce discours de repentance ait gagné à le France des amis, ou resserré des liens distendus, car l’Afrique n’aime pas les faibles. Et puis, à force de dire que l’on est méchant, même quand on ne l’est pas vraiment, on finit par en convaincre les autres, surtout lorsque la confession sort de la bouche du Président de l’ex-puissance coloniale.
L’émergence de concurrents néo-coloniaux de la France
Exploitation, françafrique, repentance : toutes ces explications ne convainquent cependant pas totalement.
Le recul de la France est peut-être surtout la conséquence du retour en Afrique de puissances qui n’y avaient auparavant qu’une présence discrète (Chine) ou plus ancienne : URSS devenue Russie, et à un moindre degré, Turquie de Recep Erdogan, nostalgique de l’Empire ottoman dont l’influence s’étendait jusqu’au Lac Tchad avant l’arrivée des Italiens au début du XXe siècle.
Russes et Chinois sont bien décidés à contrecarrer et à se substituer à l’influence française, même si les motivations sont différentes. Dans le Sahel, on discerne bien derrière la plupart de ces coups d’Etat les empreintes à peine dissimulées de la Russie, et de son outil mercenaire, le groupe Wagner, qui tient depuis 2018 sous sa coupe (réglée) la République centrafricaine 13.
Ces puissances néo-coloniales, Russie et Chine avant tout, ne s’embarrassent pas des nos principes et scrupules lorsqu’elles traitent avec les Africains : la lutte contre la corruption, la protection de l’environnement, la parité entre les sexes (la question du genre est omniprésente dans les conditionnalités des bailleurs de fonds et agences de développement occidentaux), la démocratie et les droits de l’homme ne sont pas des considérations, encore moins des freins, pour les agents de Moscou et de Pékin. Cette attitude rencontre malheureusement beaucoup de sympathie du côté des gouvernants africains, qui n’aiment pas qu’on leur fasse la morale.
Pourquoi, en particulier, cette faveur inattendue dont semble jouir la Russie, un pays dictatorial, brutal et belliciste, qui essaie lui-même de reprendre le contrôle de son vieil empire (Géorgie, Moldavie, Ukraine, etc.), et qui n’a rien à offrir à ces pays (l’aide russe au développement est dérisoire) ?
Sans doute, la Russie a t-elle un contentieux, avec l’Occident, donc avec la France (longtemps son plus solide allié à l’Ouest) ; sans doute aussi la propagande russe a t-elle habilement réussi à cristalliser contre la France les frustrations de populations africaines privées d’espoir ; sans doute encore Wagner – une armée de mercenaires – a t-elle réussi à établir une convergence d’intérêt avec les forces armées et les gardes présidentielles putschistes 14.
Mais il y a une autre raison, plus fondamentale, à la popularité des Russes (sous Poutine) et des non-occidentaux plus généralement, et que résume ainsi l’historien Bernard Lugan : « les Russes ne vont pas nous (les Africains) forcer à vivre contre l’ordre naturel ». L’Occident, et la France en particulier, sont perçus comme arrogants, mais aussi décadents. L’homosexualité, par exemple, est ostracisée voire criminalisée dans bon nombre pays d’Afrique, et punie de mort dans certains pays, comme tout récemment en Ouganda 15. Dans ce dernier pays, la Présidente du Parlement, Anita Among, expliquait ainsi la position de son pays : « Nous avons une culture à défendre ; le monde occidental ne va pas venir régenter l’Ouganda » 16. Que dire alors de la théorie du genre, et de ce penchant pour toutes les déconstructions dont l’Occident masochiste semble se délecter ! Autant de chiffons rouges pour l’Afrique.
Et si la France ne payait pas aussi son arrogance à vouloir leur imposer (avec tous les Occidentaux et la Commission européenne en tête) ces « valeurs » et nos systèmes, que nous croyons universels, c’est à dire notre ethnocentrisme,… avec le succès douteux que l’on sait ?
Pourquoi maintenant ?
Reste à expliquer ce recul très rapide, et ce paradoxe que la France est menacée d’éviction au moment même où elle commençait sérieusement – et il faut en donner acte à M. Macron – à changer les termes de sa présence en Afrique dans un sens qui aurait dû lui gagner un regain de crédibilité : la réforme du franc CFA, la promesse d’une « stratégie nouvelle pour l’ensemble de nos bases en Afrique », la restitution de trésors artistiques au Bénin, la fin (promis juré) de la Françafrique.
Aux causes de long terme évoquées plus haut s’est surajoutée dans la période récente une série de chocs qui ont avivé les sensibilités et peut-être créé l’étincelle : la pandémie de la Covid, la hausse des prix des denrées alimentaires à la suite de la guerre en Ukraine ont beaucoup fragilisé les pays d’Afrique sub-saharienne. La France, pourtant proche de succès décisifs contre le terrorisme islamiste dans la région du Sahel, n’a pas réussi à en convaincre les Africains, avant de devoir quitter le combat… Des maladresses françaises aussi : M. Macron dialoguant avec la jeunesse africaine sans inviter ses dirigeants, au moment où Russie, Chine, etc. copiaient la France de naguère en organisant des sommets où ces dirigeants étaient reçus en grande pompe.
Demain
Il n’est pas exclu que d’autres dominos tombent : Cameroun, Sénégal 17, Tchad 18, entre autres 19, sont des pays en situation de fragilité, pour des raisons différentes. Faire de la France le bouc émissaire est le réflexe facile, exacerbé par la propagande russe.
Il est temps pour la France d’opérer une grande remise à plat et de larguer ces amarres symboles d’un passé révolu comme le Franc CFA et autres débris de la Françafrique.
Au delà du franc CFA, de ses bases militaires, des très opaques et douteux bénéfices que la Françafrique a pu lui rapporter, il se peut que la France y perde des plumes. Que, par exemple, la langue française recule. On ne se bat pas pour une langue, surtout lorsqu’elle fut naguère imposée par la contrainte. Le français a été utile pour nombre de pays africains dont la mosaïque presque infinie de langues ethniques freinait la communication, et donc l’unité et le développement. Je m’en suis rendu compte au Bénin ou en Côte d’Ivoire. Mais demain, le français ne sera pérenne que par ses qualités, non pas parce que cela sied à l’ex-colonisateur. Rarement observe t-on plus crûment qu’avec les langues le phénomène de la sélection naturelle.
Mais il importe aussi que la France – avec honnêteté mais fermeté – défende son bilan, qui n’est pas sans taches, mais qui est honorable, bien loin du crime contre l’humanité dénoncé par M. Macron, notre champion national de la repentance.
N’oublions pas aussi que cette France esquintée par les critiques (y compris les fake des trolls russes), c’est pourtant vers elle que les Africains désespérés par la corruption et l’incurie de leurs pays veulent migrer, pas vers la Russie, la Chine, la Turquie… alors qu’y sévirait, selon notre gauche-woke maison, le « racisme systémique ». Cela signifie quelque chose. Peut-être après tout la France ne vit-elle qu’une période de gros temps et doit-elle faire le gros dos, en s’arcboutant sur ses forces.
Les Africains s’apercevront bien assez vite que leurs nouveaux maîtres Russes, Chinois et autres, bien évidemment totalement désintéressés, ne sont pas des anges.
Une grande partie d’échec s’engage en Afrique. La France est sur le reculoir. Mais elle a encore de belles cartes à jouer. Souhaitons-lui, souhaitons-nous, qu’elle ne les dilapide pas, ce qui sonnerait le glas de son influence sur le continent.
Il faut à la France une nouvelle politique pour l’Afrique.
NB : Cet article se nourrit des enseignements que j’ai reçus naguère de grands maîtres de l’histoire coloniale (Raoul Girardet, Jean-Louis Monneron, entre autres), des lectures que j’ai faites (Paul Collier, Bernard Lugan, et tous ces auteurs africains de fiction francophone que j’adore : Amadou Ampathé Bâ, Ahmadou Kourouma, Alain Mabanckou, Thierno Monénembo, etc.), des missions professionnelles que j’y ai effectuées pour des bailleurs de fond et agences de développement (plus de 20 pays en Afrique francophone et anglophone), et aussi des conversations que j’ai pu avoir au fil des années avec toutes sortes de gens, amis ou praticiens de l’Afrique, y compris un ancien Ambassadeur de France. Les erreurs et errements de jugement n’engagent évidemment que moi.
Notes :
- Discours. ↩︎
- Débat parlementaire de 1885, cité par Raoul Girardet (qui fut mon très estimé professeur), dans Le nationalisme français (1983). ↩︎
- Discours de 1884, cité par Girardet, op.cit. ↩︎
- Intervention du député Frédéric Passsy à la Chambre des députés (1885), citée par Girardet, op. cit. ↩︎
- On aurait du mal à nommer parmi les pays d’une certaine importance ceux qui n’ont pas cédé à la tentation de la conquête au cours de leur histoire. La Russie, la Chine, la Turquie mais aussi les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, la Grèce, l’Iran, l’Egypte, etc., etc. par exemple ont eu des empires. Il y eut même des empires africains en Afrique. L’Islam fut un empire, dont les anciens conquérants sont demeurés dans leurs possessions, sauf pour la péninsule ibérique. Cela remet à leur juste place certains discours anticolonialistes, comme ceux d’Erdogan. ↩︎
- Le génocide voilé. 1984. ↩︎
- Empire colonial et capitalisme français, Histoire d’un divorce. 1984. ↩︎
- C’est ce que proposait pour l’Algérie le projet de loi dit Blum-Violette (du nom de ses promoteurs Léon Blum, Président du Conseil, et Maurice Violette, ancien gouverneur général d’Algérie) de 1936, fût-ce seulement pour une petite minorité. Devant la résistance des Français d’Algérie, mais aussi de certains nationalistes algériens (notamment Messali Hadj), le projet fut abandonné en 1938. ↩︎
- Rappelé par Franz-Olivier Giesbert, dans sa passionnante et très divertissante Histoire intime de la Ve République (Tome 1, Le sursaut. 2021). Parmi les facteurs qui poussèrent à la décolonisation, il faut mentionner aussi et surtout la pression des Etats-Unis, de l’URSS et du Mouvement des Non Alignés, le coût des colonies, l’évolution des opinions publiques, etc. Cf. Marc Ferro, Histoire des colonisations : des conquêtes aux indépendances (XIIIe – XXe siècles) (1994). ↩︎
- La Françafrique, le plus long scandale de la République. 1998. ↩︎
- Le Franc CFA (originellement, CFA signifiait Colonies françaises d’Afrique) est en vigueur dans deux zones : l’UEMAO (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau—laquelle n’a jamais fait partie de l’Empire, Mali, Niger, Sénégal, Togo) et la CEMAC (Cameroun, République centrafricaine, République populaire du Congo, Gabon, Guinée équatoriale—laquelle n’a jamais fait partie de l’Empire, et Tchad). ↩︎
- « Le colonialisme a toujours été une charge en même temps qu’un profit, souvent une charge plus qu’un profit. Dans les conditions et sous les servitudes politiques actuelles, c’est plus vrai que jamais », Raymond Cartier, Paris-Match, 18 août 1956. ↩︎
- Selon Nathalia Durkan, chercheuse auprès de l’ONG américaine The Sentry, qui vient de publier un rapport sur les activités de Wagner en Centrafrique : « La véritable menace, c’est que ce groupe est en pleine expansion et gagne en puissance. La guerre en Ukraine n’a pas mis fin au groupe Wagner ni même entamé ses activités. Il a su maintenir une forte présence dans les pays où il était déjà et même étendre son influence. On a entendu parler du Burkina Faso. Et on sait que le groupe Wagner est impliqué dans la déstabilisation du Tchad. C’est sa prochaine cible, mais en réalité il vise le continent africain. Il ne s’arrêtera pas là. En RCA, ils ont mis au point une stratégie de domination en pillant les ressources du pays. Le modèle de développement utilisé par Wagner varie d’un pays à l’autre mais on peut parler d’un business model très demandé car il y a de nombreux cleptocrates et dictateurs qui voient d’un bon œil les services de protection et de sécurité proposés par Wagner pour protéger leur pouvoir à eux ». Citée dans un article sur le site de DW, la chaîne allemande de langue française. Reste à voir si et comment la mort de son chef, Evgueni Prigojine, en août 2023, affectera les activités de Wagner en Afrique. ↩︎
- cf. note 12. ↩︎
- BBC, article de juin 2019: L’homosexualité : un crime dans plusieurs pays africains. ↩︎
- Citée par The Economist, dans un article du 1er juin 2023 : Uganda’s harsh anti-gay bill is now law. ↩︎
- Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir en 2024 avec un agenda de rupture, a annoncé la fin en 2025 de toute présence militaire française et étrangère dans ce pays. ↩︎
- Le Tchad a annoncé le 28 novembre 2024 qu’il mettait fin à l’accord militaire avec la France. Le 30 janvier 2025, l’armée française a rétrocédé sa dernière base – la base Sergent Adij Kossei de N’Djamena – à l’armée tchadienne. ↩︎
- Même la base militaire de Port-Bouët en Côte d’Ivoire (qu’occupait le 43ème bataillon d’infanterie de marine (BIMA)) doit être rétrocédée le 20 février 2025. Dans ce cas-ci, le départ des troupes françaises (hormis un détachement d’environ 82 soldats, qui restera sur le camp de Port-Bouët pour des missions de formation et d’accompagnement) s’est fait en bonne intelligence. ↩︎
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